Géologie
Les îles qui forment Mayotte sont géologiquement les plus anciennes de l'archipel des Comores. Leur âge à partir de neuf millions d'années va en décroissant du sud-est (Mayotte) au nord-ouest (Grande Comore), bien que l'on observe tant sur la Grande Terre que sur l'îlot de Pamandzi, des appareils très récents (maars) liés à des explosions phréatiques.
L'ensemble insulaire est un vaste bouclier volcanique de laves alcalines avec extrusions phonolitiques comme au Mont Choungui, relief en forme de boule conique dont un cinquième est encore émergé. Le centre de l'appareil se situe en mer, à l'ouest. Une subsidence importante a eu lieu, permettant notamment l'implantation d'une couronne récifale autour des reliefs résiduels.
Mayotte est le fruit de la réunion de deux édifices volcaniques dont le genèse remonte à 15 millions d'années, mais qui ne sont sortis de l'eau qu'il y a 9 millions d'années (l'île ne représente qu'1 à 3 % du cône volcanique mahorais, qui descend jusqu'à 3 400 m de profondeur). La lave au départ fluide devient plus visqueuse il y a 4 millions d'années, stoppant l'élargissement de l'île pour constituer des reliefs plus élevés, qui s'effondrent en grande partie il y a 2 millions d'années. Le dernier grand volcan mahorais, celui de M'Tsapéré, s'est éteint il y a 1,5 million d'années, mais de petites éruptions ponctuelles (essentiellement explosives dans le nord) se sont poursuivies d'il y a 100 000 à 8 000 ans, formant une île cinq fois plus grande qu'aujourd'hui (1 800 km2 contre 374 km2)18. Petite-Terre se sépare de Grande Terre il y a 7 000 ans, et l'aspect actuel de l'île date d'il y a environ 3 000 ans.
Le volcanisme mahorais est éteint depuis plusieurs millénaires (le volcan actif le plus proche est le Karthala, en Grande Comore).
La croissance corallienne, créatrice de calcaires blancs (puis de sable de la même couleur), a pris le relais des terres émergées, caractérisées par des roches basaltiques noires, et soumises à l'érosion (elles s'altèrent en terre latéritique rouge, riche en hydroxydes de fer). Pendant les grandes glaciations continentales, il y a 20 000 ans, l'abaissement du niveau marin de plus de cent mètres a vidé les lagons et fait émerger les récifs : ainsi la barrière corallienne externe de Mayotte dessine les contours de l'île il y a 12 000 ans, quand la mer était bien plus basse et l'île moins érodée. Les rivières, un temps retenues, ont percé les passes dans les barrières, notamment la « Passe en "S" ». Puis, avec les remontées marines causées par les réchauffements climatiques post-glaciaires, les coraux ont repris leur ardeur bâtisseuse il y a environ 9 000 à 6 000 ans18.
Le contraste entre géochimies corallienne et volcanique est en particulier pleinement visible sur les plages du nord de la Grande Terre, près de l'île de Mtsamboro. Les récifs de pierres noires, annonciateur de la terre, contrastent fortement avec la plage blanche de sables détritiques coralliens.
L'île de Grande Terre possède de fortes pentes, et surtout au voisinage des crêtes, une érosion tropicale emporte la fragile végétation colonisant les padzas, phénomène aggravé par les incendies de forêts provoqués par des planteurs illégaux de bananiers ou de manioc. Les forestiers essaient de fixer le sol dégradé par des plantations d'acacias.
La géologie mahoraise est principalement étudiée par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières de Mayotte (BRGM), établissement public à caractère industriel et commercial et « établissement public de référence dans les applications des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol ».
